samedi 12 mai 2012

L'hystérie et la collaboration

Vous me découragez..... «Oh que je nous ai trouvés minables, hier matin. Un petit contretemps matinal pour plonger Montréal en névrose… C’est que de dangereux terroristes menaçaient la sécurité publique! Arrêtez-les quelqu’un pendant que je reprends mon souffle dans un petit sac brun, je vous en conjure! Les gens, vous êtes cinglés. Hier matin, le métro est tombé en panne. Il y a même eu de la fumée dans les quenoeils de quelques amis. Hon. Le brushing de Monique a été ruiné par la bruine pendant l’insupportable attente d’une navette spéciale à l’extérieur. Jacques est arrivé en retard à son rendez-vous et Marie-Jeanne a loupé la première heure de son yoga. Et que dire de Josée qui a déposé la petite Malynka-Rose [archétype de prénom fucké attribué par un early-Y à son kid] plus d’une heure et quarante-cinq minutes en retard à la garderie? Elle en a manqué la collation du matin! C’est inadmissible de priver Malynka-Rose de ses Fruit Loops dans l’yogourt de dix heures et quart, osti de gang de perturbateurs de l’ordre public du câlice! Ça c’était ma reconstitution dramatique de la scène « Névrose d’un 10 mai à Montréal». Bref. Les gens, hier, je vous ai trouvés ridicules. Et en prime, un joli cirque de rabâchage médiatique pour être bien certain de conditionner dans la populace un sentiment de menace et d’angoisse. Bravo, pour la self-made terreur. Beau set up. S’ils avaient besoin de drame et de torpeur, encore les grands réseaux auraient-ils pu s’employer à couvrir davantage (et mieux) les événements en Syrie, tiens. Mais étant donné que médiocrité a force de loi ici-bas, et que notre nombrilisme n’a d’égal que notre ignorance, on préfère s’inventer des psychodrames de bas étage sur les dos des étudiants militants. Parce que c’est dans l’air du temps. De la masturbation collective alimentée par les frasques des miiiiiichants étudiants « radicaux ». Mais il n’y a pas que ça. Le cirque du métro aura été « la goutte ». Notre « politisation inopinée et merveilleuse » dont j’avais la profonde certitude il y a quelques semaines se mute tranquillement en amertume. J’en veux à cette majorité qui embrasse toujours et encore le niveau premier de l’argumentaire, et masque les failles de sa compréhension des enjeux avec des bons sentiments. Pour s’en apercevoir, il aura fallu la radicalisation du mouvement. Oh que vous avez été nombreux à décrocher, là, ein? C’était facile de se battre en paradant et en lançant des fleurs. On faisait des peace avec nos doigts et on attendait candidement une offre miraculeuse… C’était facile de soutenir la cause, aussi, ein? Ça paraissait bien en plus. C’était une ben, ben belle preuve de conscience sociale de jeune travailleur de porter le carré rouge. Mais maintenant qu’il faut en venir aux poings et à la désobéissance civile véritable pour piquer le gouvernement, c’est moins drôle, ein? Maintenant qu’il y a eu des crânes brisés et des dents fracassées, on prend peur? Et vous vous sentez gauche et veule quand vient le temps de justifier les coups portés? Woups, les convictions s’ébranlent, d’un coup… Alors on condamne! Oh oui! Vite, vite, vite, vite, on la condamne, cette damnée « violence » proférée par de « dangereux criminels organisés qui gangrènent les manifs! » Je ne déplore donc pas seulement l’idiotie des médias de masse et de ceux qui, d’emblée, font de « l’estudiantophobie » un hobby ou un exutoire. J’en ai autant après les sympathisants à la cause étudiante qui « militent » tout en baignant dans une bien-pensance grotesque et anesthésiante. La confrontation et l’escalade de la tension sont intrinsèques à la lutte, si on en comprend bien le sens. Plus le mur résiste à la grogne, plus il faut le marteler puissamment. C’est un principe assez simple, il me semble! Eh non, les amis. La « violence » ne résulte pas de l’intervention inescomptée et malheureuse de groupes militants extérieurs au conflit. Ce ne sont pas des voyous anarchistes qui profitent de la cause pour piller tout leur saoul. Ça vous fend peut-être la gueule de l’admettre, mais c’est bien la souche militante étudiante qui en est venue à l’évidence : frapper. Or, si l’ardeur et les convictions de certains ne résistent pas à l’escalade normale et inévitable de la grogne, c’est qu’il leur faudra prendre leurs distances. Soit, j’en serai sûrement. Mais n’ayez pas la prétention de croire que votre conception institutionnalisée et servile de la « lutte » est la bonne. Si tel est le cas, oubliez le carré rouge et retournez lire un peu sur la réelle définition de l’anarchisme avant de le confondre avec le « chaos », parce qu’il y a une crisse de différence. Et pour ceux qui auront poussé les hauts-cris en traitant les responsables de l’incident du métro de « terroristes », je paraphraserai ici sans vergogne un tweet qu’il m’a été donnée d’apercevoir : Un peu de respect pour ceux qui ont eu de vrais attentats terroristes dans le métro! Londres juillet 2005 = 56 morts, 700 blessés. *** Aussi, j’ai pris un malin plaisir à voir des gens publier des tirades « anti violence » mielleuses et émotives sur Facebook. Leurs auteurs étaient également pour la plupart « d’ardents défenseurs de la démocratie directe ». Évidemment, le droit à la diversité des tactiques et la liberté absolue de l’individu au sein du groupe, ainsi que l’absence du droit à la coercition entre les pairs, ça, ça ne les a pas interpellés une seconde! Mais encore. Il ne faudrait pas trop leur en vouloir. C’est leur ignorance qu’il faut blâmer, pas eux. Les pauvres. Tout ça pour dire que je crierai « victoire! » le jour où les gens auront l’humilité de réfléchir pour la peine». http://urbania.ca/blog/3008/votre-bien-pensance-aura-raison-de-nous

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