vendredi 29 janvier 2010

Ce qui distingue les réformistes des révolutionnaires

La chose peut sembler évidente à première vue, mais combien de personnes pensent encore que les radicaux et radicales ne sont que de jeunes écerveléEs qui aiment mettre des cagoules et péter des vitrines, sans comprendre le sens véritable du terme radical? Être radical veut dire aller à la racine du problème. Rien de plus, rien de moins. Dans ce sens, les féministes radicales ne brûlent pas plus leurs brassières que les autres (qui fait ça, anyway?), elles remettent seulement le patriarcat en question et tentent de l'abolir.

Suite à un texte s'intitulant, «le problème du radicalisme en politique contemporaine», j'ai émis quelques commentaires à la suite du billet en question, commentaires que je reprend ici.

Ce que je vous suggère, c'est de lire le texte en entier d'abord (voir le lien plus bas), pour ensuite vous attarder à mes commentaires (si ça vous intéresse, bien sûr). J'ai corrigé quelques fautes dans mes commentaires, mais en dehors de ces modifications, ce sont les mêmes qui se retrouvent à la suite du billet qui m'a interpellé.

http://guillaume-lamy.blogspot.com/2010/01/le-probleme-du-radicalisme-en-politique.html

Je reviendrai peut-être sur le sujet, si j'ai du feedback, chose assez rare ces derniers temps.

Sinon, je vais fort probablement écrire quelque chose prochainement sur Howard Zinn, qui est décédé cette semaine. C'est une grande perte selon moi, non seulement pour ses proches, mais pour des millions de gens. Mais j'y reviendrai.

Voici donc mon analyse sur «le problème du radicalisme en politique contemporaine» et sur ses lacunes apparentes et conceptions erronées.

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«Du côté modéré, on retrouve les réformistes. Ceux-ci sont pour une transition. Leur façon de faire est progressive, elle se fonde sur des étapes ou des phases successives de transformation de l’ordre en place.»

Transition vers quoi ici? Si on prend les sociaux-démocrates par exemple, ils veulent humaniser le capitalisme et non pas aller au-delà du capitalisme. Donc on ne transite pas du capitalisme comme tel vers un autre système économique plus juste (ce qui devrait être le but des radicaux), mais on tente d'amoindrir les torts causés par le système en place. Donc est-ce qu'il s'agit vraiment d'une transition ou bien d'un mouvement latéral?


«De l’autre côté, radical, on retrouve les révolutionnaires. Chez eux, des tonalités immanquables marquent le discours qu’ils tiennent sur le monde : l’urgence, l’immédiat et la totalité»

J'ai l'impression que la différence principale que tu relèves entre les réformistes et les révolutionnaires, en dehors des moyens employés, est sur le chemin que veulent prendre ces «deux groupes» (pas unifiés en soi). Celui des réformistes serait plus long, alors que celui des révolutionnaires serait plus court en principe, mais aussi plus abrupte que celui des réformistes. Mais c'est comme si tu disais que les deux veulent aller au même endroit et que tous les chemins mènent à Rome. Le problème c'est que ces deux groupes ne veulent pas justement aller au même endroit.

«Cette opposition, classique en théorie politique, entre réforme et révolution, perd de plus une moitié de sa contrepartie empirique puisque nous assistons depuis plusieurs décennies à la dissolution et à l’affaiblissement progressif des courants radicaux au Québec.»

La social-démocratie ne fait que reculer avec la monté du néolibéralisme. Aussi les réformes sont de plus en plus difficile à obtenir, le meilleur exemple étant la grève étudiante de 2005. On pourrait aussi parler de l'échec du mouvement pour la paix et contre la guerre en Iraq. De plus, il y a eu un regain de l'anarchisme également, à partir des évènements de Seattle en 1999, en passant par le Sommet de Québec (2001?). Donc ton affirmation est tout à fait relative.


«L’absolutisme et l’intégrisme étant clairement peu compatibles avec la diversité des intérêts et la variété des demandes, on comprend aisément pourquoi la politique est rarement le lieu du tout ou rien. Les radicaux sont simplement incompatibles avec la lenteur que nécessitent la négociation et la discussion nécessaire à la compréhension mutuelle de tous les acteurs qui composent le corps politique.»


Les radicaux n'ont rien contre la discussion, si on est pour les écouter. Je me demande un peu ce que tu entends quand tu avances les termes intégristes ou absolutistes. On parle aussi de gens qui ne pensent pas tous de la même manière, même si on ne pense qu'aux anarchistes. Pour ce qui est des compromis, les radicaux ne sont pas contre. Si on étudie l' Histoire, on se rend compte qu'ils sont (ironiquement) derrière plusieurs réformes, dont la journée de travail de 8 heures. Mais il y a des limites et pour citer Arseniq33 :« J'ai mis ben de l'eau dedans mon vin, j'ai mis ben de l'eau, je goûte pu rien». J'ai beaucoup de misère quand tu dis que les radicaux ne font pas bon ménage avec la négociation et la discussion, alors que bon nombre d'entre eux sont pour la démocratie directe, mode politique qui demanderait justement amplement l'apport de la négociation et la discussion entre les différents acteurs sociaux. On reproche justement ce point aux radicaux, soi-disant pour des raisons de lourdeurs.


«Une chose est bien certaine : le radicalisme est figé dans ses finalités. Mais en plus de cela, il l’est aussi sur la question de moyens. Dû à l’urgence et à l’intégralité des revendications, les moyens des radicaux détonnent par rapport à ceux des modérés.»

Les radicaux ne s'entendent pas sur les moyens à employer, la chose est débattue. Pour ce qui est d'être figés, rien n'est plus figés que les réformistes qui ne veulent pas justement aller au delà du système en place. Et comme mentionné plus haut, les réformistes n'arrivent plus non seulement à obtenir des réformes, mais à contrer les reculs.




«En politique, la seule chose qui importe est le gain. Le principal enjeu restera toujours le pouvoir; y accéder et s’y maintenir»

Pas pour les anarchistes, ce qui est important, si on veut véritablement analyser le radicalisme.


«Quand on y pense, les groupes les plus révolutionnaires de l’histoire du Québec, n’ont apporté presqu’aucun gain au Québec depuis ses débuts. Qu’on pense au FLQ ou aux Patriotes (1837 et 1839)»

En quoi ces groupes sont révolutionnaires? En quoi remettent-ils en cause la démocratie représentative, le capitalisme ou l'un des fondements de notre société? Il ne suffit pas de prendre les armes pour être révolutionnaire.

«La réalité est que ce sont les mouvements modérés qui ont obtenus le plus de gains pour le Québec.»

Difficile de l'affirmer sans aucun doute, dans la mesure où les radicaux peuvent se battre avec les modérés, sur certains points.

«Leur finalité est restée la même, mais ils ont été prêts à négocier sur les moyens»

Tu confirmes ici ce que je disais plus haut dans mes commentaires. Tu mets trop d'accent sur les moyens et tu présumes que l'objectif final des réformistes est le même que les radicaux, ce qui est complètement faux.

«Les radicaux ne sont pas compatibles avec une telle façon de faire. Leur rigidité les éjecte rapidement des lieux de pouvoir. C’est pourquoi ils y sont peu présents et c’est aussi pourquoi leur cause est souvent mieux servie par d’autres.»

Tu finis avec une perle ici. Normalement les radicaux ne veulent pas investir les lieux de pouvoir et c'est pour cette raison qu' on ne les retrouve pas là (non, Khadir n'est pas radical). À moins de trahir leurs propres principes, ce qui s'est fait en Espagne dans les années 30, ce qui a d'ailleurs coûté non seulement la réussite de cette révolution, mais la victoire lors de la guerre face au fascisme de Franco. Et quand tu dis que la cause des radicaux est souvent mieux servie par d'autres, comment cela pourrait-il être le cas, si leur cause n'est pas la même?

dimanche 24 janvier 2010

J'attire votre attention sur ce sondage (Visions et stratégies révolutionnaires)

Les questions touchent la philosophie, l'économie, la politique, les relations familiales et de genres, l'écologie, la culture, les relations internationales, les stratégies et l'organisation que devraient adopter la gauche. Le sondage met beaucoup d'importance sur la vision (ou les) qu'on a d'une société meilleure, point très important pour moi et dont j'ai déjà parlé sur ce blog.

http://ruby.zcommunications.org/polls/reimagining-society-vision-and-strategy-poll/reply

De ce que j'ai cru comprendre on a pas besoin de contribuer financièrement au site web pour participer (ce que je fais, mais de manière minimale), mais il est possible que vous deviez vous créer un compte pour participer (mais sans payer). Vous me donnerez des nouvelles, si vous y répondez et ce que vous avez dû faire pour y participer.

C'est un peu long, mais vous n'êtes pas obligé de le faire d'un seul coup et ce n'est pas une course. Je trouve que c'est un exercice intéressant, dans la mesure où ça nous donne une bonne idée de nos points communs et de ce qui nous distinguent, au sein de la gauche.

Je peux dire tout de suite que j'ai noté une corrélation entre la question de la violence et l'acceptation ou le rejet de l'électoralisme. Plus on rejette la violence comme moyen révolutionnaire (car la question est posée dans le cadre d'une participation à une organisation révolutionnaire), plus on accepte le processus électoral actuel et vice-versa.

Pour moi une organisation révolutionnaire qui ne rejette pas le processus électoral, n'est pas plus révolutionnaire en soit qu'une organisation qui ne rejette pas le capitalisme. Je peux comprendre que des anarchistes puissent voter QS (par exemple) et je ne vois pas la chose comme étant contradictoire en soit, dans la mesure où nous ne sommes pas dans un contexte révolutionnaire. Il en va de même pour la question de la violence, surtout si la violence employée se limite a briser des vitres et lancer des roches aux policiers. Ces actes ne sont pas révolutionnaires et je ne vois pas comment ils font avancer la gauche en général. Je ne les condamne pas, je remet toutefois leur utilité en question.

Par contre, si on consacre plus de temps qu'un vote aux quatre ans à un parti comme QS, je crois qu'il y a un problème, si on se dit révolutionnaire. Il serait facile de dire que nous ne sommes pas dans un contexte révolutionnaire (un fait) et que les organisations existantes ne nous plaisent pas de toute façon (mes goûts personnels), mais en même temps, nous ne sortirons jamais du contexte actuel peu favorable à une révolution, si tous les révolutionnaires agissent en réformistes.

Pour ce qui est de la violence, il faut l'envisager, à défaut d'agir en ce moment. Nous avons été conditionnéEs à refuser toute forme de violence depuis notre tendre enfance (ce que j'ai appelé la morale calinours, mais que j'ai limité aux émissions pour enfants) et la chose est restée intacte chez la plupart des gens aujourd'hui. Rien n'est plus docile qu'un peuple qui refuse de se battre et de se défendre.

Je ne voudrais pas que vous pensiez que le sondage se limite strictement à ça, c'est totalement faux. J'ai juste pensé relevé un point qui pourrait causer dissension auprès de mes 3 lecteurs et lectrices.

J'attends donc de vos nouvelles et un débat, digne de La joute.

PS: C'est en anglais et j'avoue que quelques questions m'ont semblées un peu flou, mais ça n'enlève rien à la pertinence de la chose. Il y a toujours moyen de se dire entre nous ce que nous avons compris de telle ou telle question.

mardi 19 janvier 2010

Comment fini-t-on par sympathiser avec le nihilisme

Don't Think Twice, It's All Right (Bob)

It ain't no use to sit and wonder why, babe

If’in you don’t know by now

An' it ain't no use to sit and wonder why, babe

It’ll never do some how.

When your rooster crows at the break of dawn

Look out your window and I'll be gone

You're the reason I'm trav'lin' on

Don't think twice, it's all right

It ain't no use in turnin' on your light, babe

That light I never knowed

An' it ain't no use in turnin' on your light, babe

I'm on the dark side of the road

but I wish there was somethin' you would do or say

To try and make me change my mind and stay

We never did too much talkin' anyway

So don't think twice, it's all right

It ain't no use in callin' out my name, gal

Like you never done before

It ain't no use in callin' out my name, gal

I can't hear you any more

I'm a-thinkin' and a-wond'rin' walkin’ down the road

I once loved a woman, a child I'm told

I give her my heart but she wanted my soul

But don't think twice, it's all right

So long, Honey Babe

Where I'm bound, I can't tell

But Goodbye's too good a word, babe

So I'll just say fare thee well

I ain't sayin' you treated me unkind

You could have done better but I don't mind

You just kinda wasted my precious time

But don't think twice, it's all right

PS: C'est en mettant ce vidéo sur mon blog que j'ai (momentanément) perdu l'accès à tous les vidéos sur mon blog. J'ai effacé le top 15 des «meilleures» chansons de la dernière décennie, pensant que ça ne reviendrait pas. C'est finalement revenu à la normale hier, mais peut-être uniquement parce que j'ai enlevé plusieurs vidéos? Je ne sais pas trop ce qui a pu se passer, désolé pour ceux et celles qui voulaient voir les dits vidéos. Ça arrive, je suppose.

vendredi 15 janvier 2010

Tout le monde se crisse d' Haïti

Ici par tout le monde, j'entends principalement les médias de masse, la classe politique et tous les enculés qui vont profiter de la crise pour s'en mettre plein les poches. Je ne doute pas que des gens bien intentionnés tenteront de faire du bien dans tout ce gâchis, reste que les salopards seront probablement en vedettes.

Alors qu'il était à peu près impossible de trouver de l'information en 2004 lorsqu'un coup d'État a été planifié à partir du Canada pour renverser le régime au pouvoir en Haïti, les médias se précipitent sur la tragédie survenue en Haïti afin principalement de faire augmenter leurs cotes d'écoutes, leur seule raison d'exister finalement, car c'est ce qui rapporte du $. Puisqu'il s'agit d'une catastrophe naturelle et que nous n'avons rien à nous reprocher en tant qu' Occidentaux, il est acceptable voir même favorable de diffuser largement la nouvelle.

Pourtant le malheur des Haïtiens et des Haïtiennes est directement lié à notre manie de s'ingérer dans leurs affaires, contrôlant ainsi leur destinée. Si les journalistes mentionnent souvent l'immense pauvreté de ce pays, ils n'en mentionneront pas la source, soit l'impérialisme à la sauce occidentale, la mise en application de la théorie des «avantages comparatifs» et le manque de fair play des Occidentaux quant au respect des «règles» concernant le «libre marché». La misère de ce pays est systémique et historique, mais on ne peut la comprendre si on se refuse de faire une mise en contexte.

Au lieu de ça on se pette les brettelles sur l'aide apportée par les États-Unis, la France et le Canada, alors que tous ces pays sont responsables de la pauvreté de ce pays maudit. Le seul fait que l' Afghanistan et Haïti soient les deux pays dans le monde recevant le plus d'aide au développement par le Canada devrait nous sonner des cloches : http://www.canadainternational.gc.ca/haiti/bilateral_relations_bilaterales/canada_haiti.aspx?lang=fra.

On veut nous faire avaler la pilule de l'impérialisme et du militarisme en nous donnant du nananne, mais la sauce ne prend pas. Le colonialisme utilisait la même recette en construisant des écoles et en amenant des médecins.

L'éducation populaire est plus que jamais nécessaire, car sans elle on ne peut s'attendre à ce que la population comprenne les évènements qui les entourent, ici comme ailleurs.

Et on ne peut se fier aux médias de masses pour faire ce travail, n'en déplaise à André Pratte.