samedi 23 octobre 2010

Le cas français

Très bon commentaire de la part de Michael Albert par rapport à ce qui se passe présentement en France:

http://www.zcommunications.org/french-lesson-by-michael-albert.

Je suis essentiellement en accord avec sa façon de voir les choses, mais j'ajouterais deux points.

On doit souligner le fait que les Français et les Françaises ne font pas que manifester dans les rues en brandissant des pancartes et en scandant des slogans : ils et elles bloquent des routes et des dépôts d'essence, entre autre chose. Je pense que cette forme d'action directe peut être beaucoup plus efficace que ce que l'on fait généralement ici (pas grand chose honnêtement), si les actions se font sur l'ensemble du territoire et impliquent un maximum de gens. Il faut aussi viser des lieux stratégiques et non pas uniquement symboliques. À ce niveau, on doit prendre des notes.

Deuxième (et dernier) point, une révolution qui va au delà d'une résistance temporaire et sporadique, exigerait qu'on repense totalement notre façon de lutter. Effectivement, on ne peut pas faire une manifestation demandant au gouvernement de s'abolir ou au capitalisme de disparaître. Même si on fait des blocages économiques, cette idée serait ridicule. On doit cesser de vouloir faire entendre notre voix auprès des autorités ou de vouloir faire reculer le patronat ou le gouvernement par rapport à telle ou telle décision. Il n'y a pas de négociation possible entre les exploitéEs et les exploiteurs, contrairement à ce que le syndicalisme a fini par nous entrer dans la tête. On ne peut pas chasser un gouvernement ou un chef d'État pour le remplacer par d'autres, comme ça c'est fait dernièrement en Amérique du Sud. On ne peut pas coopérer avec des partis «révolutionnaires» ou des gouvernements «populaires» ou «ouvriers». Un État ouvrier, ça n'existe pas plus qu'un capitalisme humain et démocratique. Aucun parti ne peut représenter la démocratie directe, car ce sont des façons de faire qui sont antagonistes. Une forme entre en conflit avec l'autre. C'est en ce qui concerne le deuxième point que l'on doit dépasser ce qui se fait en France présentement. Je sais, on en est bien loin. Mais qui a dit que la révolution serait un «walk in the park»?

Attention ici, je ne suis pas contre le mouvement en France, au contraire je suis derrière eux et elles à 100%. Ce que je dis, c'est que j'aimerais que le dit mouvement aille plus loin et ça, ça passe par une remise en question des mouvements sociaux en général, comme le suggère Albert.

Mais mon impression personnelle, est que nous n'aimons pas les remises en question de nos propres mouvements et que le commentaire d'Albert va passer dans le beurre et sera totalement ignoré.

J'espère me tromper.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
ce que vous décrivez dans le deuxième point est peut-être en train d'arriver petit à petit en France; non pas parceque les syndicats refusent de négocier pour réclamer l'abolition factuelle de l'état, mais parce que le gouvernement sarkozy refuse catégoriquement la négociation.
Le résultat est le même, le mouvement se radicalise, il prend de la légitimité aux yeux de l'opinion, et le gouvernement perd de sa légitimité, auprès d'une population qui ne votait déjà plus beaucoup.
J'ai le sentiment que les troubles vont durer, et que, même si la loi passe et que le mouvement prend fin, l'opinion se sera tout de même retournée, avec un sentiment d'amertume qui pourrait coûter cher au gouvernement et à l'état, auxquels je ne donne pas cher à la prochaine confrontation.
Honnêtement, et même si c'est une pure intuition, je ne vois pas comment Sarko pourrait rester en place jusqu'aux élections de 2012. Et comme il n'y a pas d'opposition valable, la révolte pourrait bien se transformer en révolution, d'où en sortiront des surprises.
Merci de cet article.