mardi 9 mars 2010

Le patriarcat et moi

Je suppose que j'aurais dû écrire ce message pour la journée du 8 mars, mais comme on doit débattre du patriarcat à l'année longue et non seulement pendant une journée, alors je ne vois pas forcément de problème.

Pour ceux et celles qui ne l'auraient pas fait, je vous invite à lire ce très bon texte paru sur le blog de zleanarchique.blogspot.com :http://zleanarchique.blogspot.com/2010/02/lautre-fondement-le-patriarcat-javais.html.

Ma pensée rejoins la sienne, hormis le fait qu'il sous-entend dans son titre qu'il y aurait deux fondements principaux dans notre société, alors que je crois qu'on pourrait en nommer d'autres, que l'on doit considérer sur un même pied d'égalité. Mais les anarchistes doivent en effet combattre le patriarcat, au même niveau qu'ils doivent combattre le capitalisme, la démocratie «représentative», le spécisme, le racisme, les religions et toutes les formes de dominations présentes dans notre société. Délaisser une sphère au dépend d'une autre serait une erreur et je pense bien que l'auteur du texte auquel je me réfère serait d'accord avec moi sur ce point. Il ne faudrait pas oublier que le patriarcat remonte au moins jusqu'au temps des sociétés chasseurs-cueilleurs (vu dans mon cours d'histoire des femmes en Occident), alors que le capitalisme ne date que de quelques centaines d'années à peine, ce qui est donc tout récent d'un point de vue historique. J'ajouterais au passage que Dupuis-Déri est politologue et non pas sociologue contrairement à ce qu'on peut lire sur le blog de ZLEA, mais il s'agit ici d'un détail, évidemment.

Bien que je comprenne le point de vue de Mouton Marron lorsqu'il dit qu'un homme peut se définir en tant que féministe, j'aurais tendance à être en accord avec Steffen sur ce point également. De la même manière que j'aurais dû mal à me définir comme étant Palestinien, n'ayant pas à subir les checkpoints et les aberrations d'une occupation militaire au quotidien, je me verrais mal me définir comme étant féministe, malgré ma sincère volonté d'en arriver à une société pleinement égalitaire. Je ne peux nier mes propres comportements machistes, voir même misogynes à certains égards, donc je serais fort mal aisé de me présenter comme étant féministe. Disons que certaines expériences négatives auprès du sexe opposé (plusieurs en fait) m'en empêche, bien que je sache qu'on ne doit pas tout mélanger, surtout pas nos sentiments personnels avec des théories qui font appel à l'intellect (et disons le, à la simple justice sociale), mais tout ça peut malheureusement venir s'entremêler, même à notre insu. Disons aussi qu'un certain «militant» m'a convaincu en se prétendant féministe afin de pourvoir les séduire qu'il valait mieux garder ma position initiale à ce propos.

De plus, un des points qui ressort chez les féministes, est que les hommes ont tendance à prendre les devants et à monopoliser la parole dans les réunions militantes ou syndicales, ou à tout le moins qu'il prenne beaucoup de place et que les femmes ont tendance en prendre un rôle secondaire, quand elles ont un rôle. Sachant cela et en l'entendant de leurs bouches mêmes dans une réunion féministe mixte, je me suis tais presque pendant toute la réunion, passant uniquement une remarque un peu insignifiante à la toute fin. J'ai écouté et c'est déjà beaucoup, mais je veux dire que le danger serait que les hommes disent aux femmes comment elles devraient lutter et comment vaincre le patriarcat, reproduisant ainsi certains problèmes qu'on devrait justement régler.

Je suis également plus à l'aise pour émettre certaines critiques sur le féminisme en étant à l'extérieur du mouvement, car comme je l'ai mentionné plus haut, il y un danger que les hommes finissent par décider à la place des femmes sur ce qui est bien et ce qui est mal. Un exemple serait la lutte des classes transposées aux genres, le sexe masculin étant la classe dominante et le sexe féminin (genre serait peut-être plus approprié) la classe exploitée. Je ne nie pas la pertinence de cette analyse, mais comme la lutte de classes, elle ne laisse pas forcément la place à la nuance. Je pourrais développer, mais nos ennemis ne sont pas toujours là où nous prescrit ces théories, plus ou moins bien adapté à la réalité matérielle.

1 commentaire:

Steffen a dit…

Je viens de prendre connaissance de ce texte. Merci pour les corrections apportées au mien !
Quand, dans le titre, je fais référence à l'idée de fondement, je comptais davantage montrer que le capitalisme n'est pas la seule structure nocive de la société occidentale. Et comme jusqu'à présent j'avais surtout écrit en critique au capitalisme, j'ai cru bon d'organiser mes idées quant au patriarcat.
Quant à savoir s'il y a plus de deux fondements, tout dépend des définitions qu'on a. Il est vrai, cependant, qu'il y a davantage que capitalisme et patriarcat qui assurent la domination. Au quotidien, il y a l'inertie de chacun et de chacune à ne pas remettre en question l'ordre établi.