samedi 28 février 2009

L'économie participative, première partie

«Robin Hahnel, professeur d’économie à l’université de Washington et Michael Albert, activiste américain bien connu, ont élaboré, au début des années 1990, un modèle économique qu’ils ont appelé Participatory Economics ou Parecon — ce que je propose ici de rendre par Écopar»

http://kropot.free.fr/Baillargeon-ecopar.htm

Je vais baser mes prochains billets en partie sur cet article de Normand Baillargeon, les articles traitant de l'économie participative en français étant plutôt rare à ma connaissance. Si vous lisez bien l'anglais (assez pour comprendre des notions et un modèle économiques) vous trouverez des articles sur ce sujet sur http://www.zmag.org/ . L'économie participative (Parecon) a sa propre section. Je dois vérifier, mais il me semble qu'un site Internet complet y est consacré. En passant http://kropot.free.fr/Baillargeon-ecopar.htm et http://www.zmag.org/ sont dans mes liens.

Le point de départ du modèle en question sont les valeurs sur lesquelles sont basées l'économie participative et c'est à partir d'elles que l'auteur (Albert) juge le marché, la planification centrale ainsi que son propre modèle économique. Il explique donc pourquoi il rejette le marché et la planification centrale, avant d'aborder en quoi consiste l'économie participative comme tel.

Il s'agira donc d'une série de billets portant sur ce sujet, sujet assez vaste qui sera mieux compris par mon lecteur ou lectrice, s'il est divisé par points essentiels, que si je garochais le tout dans un seul billet.

Les points en gras et en italiques (subtiles dans le texte) sont ceux sur lesquels je devrais revenir dans mes prochains billets.

Voici donc les valeurs défendues par Albert et l'économie participative:

«Efficience, Équité, Autogestion, Solidarité, Variété

Quels critères évaluatifs convient-il d’employer pour juger d’institutions économiques? Avant de proposer leur propre modèle, Albert et Hahnel ont consacré un important travail à répondre à cette question.8 Au terme de leurs analyses, ils proposent un modèle dit de "préférences endogènes" qui débouche sur une substantielle reformulation des critères évaluatifs habituellement retenus pour juger des économies. Pour aller rapidement à l’essentiel, rappelons qu’ils acceptent l’optimum de Pareto comme critère de l’efficience économique, mais qu’ils le relient à une conception des sujets conçus comme agents conscients et dont les préférences et caractéristiques sont susceptibles de se développer et de se préciser avec le temps. Cette définition de l’efficience est le premier critère évaluatif retenu.

Le deuxième est l’équité. La plupart des économistes retiennent également ce critère et l’Écopar convient d’emblée de ce qu’elle est une caractéristique désirable d’une économie.9 Mais Albert et Hahnel rappellent aussi que quatre maximes distributives concurrentes, correspondant à quatre écoles de pensée également concurrentes, proposent autant de définitions de ce qui constitue l’équité. Les voici:

• Maxime distributive 1: Paiement selon la contribution de la personne ainsi que celle des propriétés détenues par elle.
• Maxime distributive 2: Paiement selon la contribution personnelle.
Maxime distributive 3: Paiement selon l’effort.
• Maxime distributive 4: Paiement selon le besoin.
La plupart des économistes, on le sait, adoptent les maximes 1 ou 2. Les anarchistes, quant à eux, ont maintes fois exprimé leur préférence pour la maxime 4. Tout en reconnaissant que c’est vers elle qu’il faut tendre, l’Écopar opte pour la maxime 3 et se construit donc, hic et nunc, à partir de l’idée de rémunération selon l’effort.

Le troisième critère évaluatif est l’autogestion (ce par quoi je propose de rendre ce que les auteurs nomment self-management). De longues analyses sont consacrées à cette propriété. Ici encore, pour aller rapidement à l’essentiel, disons simplement que les auteurs aboutissent à une définition de l’autogestion entendue comme le fait que la voix de chacun a de l’impact sur une décision à proportion de ce qu’il sera affecté par cette décision. Albert et Hahnel tiennent avec raison cette définition de l’autogestion comme un des apports les plus originaux, novateurs et lourds d’impact de l’Écopar.

Le quatrième critère évaluatif est la solidarité, entendue comme la considération égale du bien-être des autres.

Le cinquième et dernier critère évaluatif est la variété, entendue comme diversité des outputs.

Armés de ces critères, demandons-nous ce qu’on peut penser des institutions économiques qui s’offrent à nous. Plus précisément, nous chercherons à déterminer dans quelle mesure des institutions d’allocation, de même que des institutions de production et de consommation, permettent — ou non — de s’approcher de ces valeurs désirables que nous venons de poser. Deux institutions allocatives s’offrent à notre examen: le marché et la planification centrale. »

En passant Édith, si tu lis ce billet, tu serais gentille de m'indiquer qu'est-ce que sont des outputs. Je me fie sur tes talents de comptable ici. :)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour, je découvre votre blog. D'ailleurs, au passage, je trouve que celui-ci manque de catégories, de mots-clefs, ou autres, qui pourraient en donner un aperçu global et rapide ; du coup, pour un nouveau venu, cet aperçu se limite aux derniers articles.
J'ai pour cette raison mis longtemps à m'intéresser à votre blog, jusqu'à-ce que je découvre sur un autre (celui de David Gendron) que vous défendiez l'économie participative. Il y a longtemps que je cherche à m'intéresser à cette économie, mais effectivement, les ressources en français sont peu nombreuses sur ce sujet. Merci donc pour ce travail, en espérant que cet article ne sera pas le seul :) .

" Les anarchistes, quant à eux, ont maintes fois exprimé leur préférence pour la maxime 4. "
Les communistes anarchistes, en fait. C'était d'ailleurs là la divergence la plus importante, au XIX°s, entre les anarchistes communistes et les anarchistes collectivistes. Les premiers, tel Kropotkine, défendant la maxime 4, et les deuxièmes, tel Bakounine, défendant la maxime 3.

Pour ce qui est des "outputs", il me semble qu'en français on parle "d'externalisations".